Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Le statut d’intouchable de Kylian Mbappé, un enjeu pour le PSG avant son match de Ligue des champions contre la Real Sociedad

Club encore en course en Ligue des champions, je n’ai remporté qu’un match de football en presque trois semaines et je n’utilise plus mon meilleur joueur qu’à mi-temps. Qui suis-je ? Indice : mon propriétaire qatari a dîné le 27 février avec le président Emmanuel Macron.
Si ce résumé des derniers jours est elliptique, le Paris Saint-Germain (PSG) aborde bien son huitième de finale retour, mardi 5 mars (à 21 heures, à suivre en direct sur Le Monde), face à la Real Sociedad à Saint-Sébastien (Espagne), dans des circonstances très atypiques – et on ne parle pas de la proximité de la frontière française, qui jouxte la province basque du Guipuscoa.
Non, il est plutôt question ici du feuilleton managerialo-médiatique qui s’est greffé sur l’agenda sportif après que Kylian Mbappé a confirmé à ses dirigeants sa décision de quitter le club parisien en fin de saison. Car depuis cette révélation au public, le 15 février, les deux parties sont entrées dans une dynamique risquée.
Pour la star française, le coût de la rupture se paye pour le moment en temps de jeu : Kylian Mbappé a été aligné seulement 138 minutes sur 270 possibles sur le terrain. Un maigre 51 % de présence, en totale rupture avec les habitudes antérieures, qui voyaient le joueur rarement ménagé, pas même lors du caricatural 9-0 infligé en janvier aux amateurs de Revel (Haute-Garonne) en 32es de finale de la Coupe de France.
Vendredi 1er mars, la scène déconcertante d’un Mbappé remplacé à la pause, lors du déplacement du PSG à Monaco (0-0), et finissant ce match de Ligue 1 en tenue de ville dans les tribunes, comme si les enjeux du terrain n’étaient plus les siens, était troublante. Difficile de ne pas voir une sanction dans son brutal changement de statut, ou au moins une pression de la direction du club, sur fond de négociations de sortie, alors que l’avenir contractuel du joueur devrait s’écrire dans un autre Real, celui de Madrid, 450 kilomètres au sud des rivages cantabriques.
Dans sa communication économe et parfois provocatrice, l’entraîneur Luis Enrique s’en est tenu à une explication sportive. « Tôt ou tard, il faudra nous habituer à jouer sans Kylian. » Il met en avant un enjeu de long terme qui n’est pas qu’un contre-feu : on ne sort pas d’un cycle de sept saisons avec un joueur aussi influent sans anticipation. Surtout quand l’Asturien promet que « la saison prochaine, on aura une équipe bien meilleure ».
Mais cette nouvelle règle, assumable en Ligue 1 où le PSG compte neuf points d’avance sur Brest, vaut-elle également pour la Ligue des champions ? Paris peut-elle se passer de son meilleur réalisateur (11 buts en 2024) alors qu’une place en quarts de finale – un niveau pas atteint depuis 2021 – lui tend les bras après le succès sécurisant (2-0) du match aller, le 14 février ? Interrogé le 4 mars sur la présence de son avant-centre au coup d’envoi de ce 8e de finale retour, Luis Enrique s’est amusé à maintenir l’ambiguïté : « Ça peut être oui, ça peut être non. Qui sait ? » Au vu des enjeux, une non-titularisation paraît toutefois improbable.
Le cas Mbappé est particulier. Son traitement rappelle toutefois que le club parisien est adepte des rotations et qu’il doit garantir la fraîcheur physique de ses troupes. Du temps a passé depuis l’automne mais, à Newcastle et à Milan (dernière défaite en date du PSG, en novembre), face à des formations intenses, l’équipe avait semblé toucher ses limites athlétiques. Nul doute que la Real Sociedad, dans son style combatif et accrocheur, tentera, mardi soir, d’imposer un défi similaire à des Parisiens qui n’ont pas fourni de performance très convaincante récemment (deux nuls contre Rennes puis à Monaco en Ligue 1).
La chance qu’a Paris, c’est que l’équipe basque fait nettement pire. Depuis leur excellent parcours en phase de groupe, les Txuri-Urdinak (blanc et bleu en basque) se sont fanés. Ils n’ont plus gagné dans leur stade d’Anoeta depuis le 26 novembre 2023 et ne comptent qu’une victoire lors de lors neuf dernières sorties. Régulièrement touché par des blessures, le plus petit budget parmi les clubs ayant fini premier de leur groupe offre un profil théoriquement maîtrisable par les Parisiens. Même si son leader d’attaque est revenu : Mikel Oyarzabal, issu de la Zubieta, le centre de formation local, comme 60 % du groupe.
Tout cela reste théorique. Le PSG affiche une fragilité tenace dans les matchs couperets et suinte parfois le doute, quand plane la menace de l’élimination. A ce titre, la première heure du match aller, où l’équipe a subi la pression des Basques sans parvenir à s’exprimer, fait figure d’avertissement. « Si nous jouons de la même façon, avec le soutien de notre public, je suis confiant », veut croire Imanol Alguacil, l’entraîneur de la Real. Un message à sérieusement considérer côté parisien, pour éviter de découvrir comment se dit « remontada » en euskara.
Alexis Delcambre(Saint-Sébastien [Espagne], envoyé spécial)
Contribuer

en_USEnglish